Tchèque en bois

Voilà donc à quoi a abouti le sommet européen convoqué ce week-end par la présidence tchèque:
"Un consensus sur la nécessité d'éviter des mesures protectionnistes uniltarales" (José Manuel Barroso).
"Nous avons besoin d'une Europe juste et fair" (Mirek Topolanek, premier ministre tchèque).
"En travaillant ensemble, nous apporterons à l'UE et à la communauté internationale la reprise dont elles ont besoin" (Gordon Brown).
Wouaouh!
Angela Merkel a surtout répété l'opposition de son pays à une aide conséquente aux pays de l'Est, car paraît-il, les conditions y diffèrent de l'un à l'autre. Sans blague. Et Nicolas Sarkozy a nié que son plan d'aide de 3 milliards d'euros à l'automobile française ait un quelconque relent protectionniste. On te croit sur parole, Nick.
Au fait, pensez-vous que l'Europe de l'Ouest est relativement moins touchée par la récession que les Etats-Unis? Alors lisez ceci.
Les Européens de l'Est recevront au total 15 milliards d'euros d'aides diverses sous forme de fonds structurels de l'UE et de crédits de la Banque d'investissement. Maigre chèque. Pour mémoire, 400 milliards d'euros de dette viennent à échéance dans ces pays en 2009.
Combien faudrait-il pour aider les nouveaux membres? Le faire, est-ce créer un nouveau ghetto à l'Est comme semblent le craindre les Tchèques? Ne pas le faire, est-ce créer un nouveau "rideau de fer" comme le prétendent les Hongrois? Ces points méritent sans doute discussion, et je peux comprendre la prudence des Allemands - toujours les premiers à passer à la caisse - qui ont expérimenté dans leurs nouveaux Länder ce que gaspiller des deniers publics voulait dire.
Ce qui est sûr en revanche, c'est que la multiplication des "sommets", européens ou "G quelque chose" sans vraie préparation ni autre ambition que celle de faire trois p'tits tours devant les caméras est devenue totalement improductive. C'est l'impuissance étalée de la politique au moment où on lui demande de reprendre la main sur le "tout-au-marché". Paradoxal, non?