Tages Anzeiger, la victoire nationale

Die Zeit - pardon, Le Temps - aura donc deux actionnaires alémaniques: Ringier à 44,7% et TAMedia/Edipresse à 44,7%. Ah, j'oubliais: quelques résidus de titres sont encore répartis entre les journalistes de la rédaction et les banquiers (deux espèces en voie d'extinction :-)
Plus sérieusement, voici ce que m'inspire à chaud la nouvelle du jour - TAMedia reprendra les activités d'Edipresse Suisse. Plutôt logique. Les Lamunière n'avaient pas de successeur pour piloter l'entreprise (encore un peu) familiale. La direction actuelle, vieillissante, semblait plutôt subir qu'innover. Tages Anzeiger est un groupe qui bouge (voir leur site Internet, un modèle du genre).
J'observe tout de même une chose paradoxale par rapport à la globalisation (fil rouge de ce blog): celui des deux, Tages Anzeiger, qui a tout misé sur le marché intérieur avale celui qui a parié sur l'expansion internationale. Edipresse a connu des beaux jours en Espagne et au Portugal: c'est fini. Il a misé sur l'Est, comme Ringier: les résultats 2008-2009 seront probablement désastreux (situation économique des pays concernés, changes). Que lui reste-t-il? Le rôle d'un petit acteur suisse dans un marché de grands requins, qui clône des magazines de tricot ou glamour tant que ça marche à Shanghaï, Buenos Aires ou Kuala Lumpur... Durée de vie moyenne de ces produits: 3 à 5 ans.
Reste à réinventer le métier de base du journaliste, local en particulier. Le New York Times lance un site très, très local fait en partie par des amateurs. Le Monde a déjà fait de même avec Le Post. Voici encore une réflexion d'un éditeur britannique.
Voir aussi le commentaire intéressant de la NZZ sur la disparition de "l'île" suisse en matière de médias et le développement dans notre pays d'un journalisme plus anglo-saxon, plus agressif. La crise économique et les tensions politiques qu'elle soulève vont y contribuer.
Comparer les titres est aussi amusant. Sur le site du Temps, c'est: "Edipresse et TAMedia fusionnent leurs activités suisses". Sur celui de la NZZ, c'est: "TAMedia übernimmt Edipresse". D'après vous, qui a raison?